La mode éthique et durable

 Dans Actualités NAPCE, Vedette

Pourquoi il est important de parler de mode éthique ?

Au sujet du commerce équitable, on parle très régulièrement des produits alimentaires, qui sont probablement les plus simples à intégrer à notre consommation. Mais on oublie trop souvent que bien d’autres catégories de produits peuvent également être issues du commerce équitable.

Le textile, par exemple, est un type de produits pour lequel de plus en plus de labels de commerce équitable sont développés.

Pour les travailleurs.

Scandales après scandales, nous commençons enfin à prendre conscience de la réalité cachée derrière l’industrie de la mode : des employés exploités (et pas seulement dans les pays en développement) subissant des conditions de travail inhumaines, non protégés face aux nombreux produits chimiques et toxiques qu’ils manipulent. Ils ne sont parfois pas payés et surtout, aucune stabilité financière ne leur est assurée. En Inde par exemple, les salariés des usines textiles peuvent travailler tous les jours et dépassent souvent le maximum d’heures de travail légal qui est établi à 48h. Le travail des enfants est également monnaie courante dans cette industrie. On estime à 150 millions le nombre d’enfants qui travaillent à la fabrication des vêtements commandés par les marques de mode, majoritairement occidentales.

Si vous avez le temps de jeter un coup d’œil au reportage Arte sur la Fast-Fashion, vous découvrirez que cet envers du décor abominable existe également en Europe, en Angleterre par exemple. Les contrats de travail (quand ils existent) ne respectent pas le cadre légal. Des usines imposent par exemple une période d’essai de 15 jours aux nouveaux venus, sans être rémunérés. S’il n’y a pas de travail un jour, les salariés ne travaillent pas et ne sont pas donc pas rémunérées. Le Made In Europe n’est donc pas ou plus une référence rassurante pour le client. On ne sait pas à quoi se fier pour consommer sans exploiter la main d’œuvre. Les labels de commerce équitable sont là pour pallier cette faille.

Pour la planète.

Sans parler de l’impact écologique de l’industrie de la mode, qui est colossal. Produire des vêtements engendre une énorme exploitation des ressources naturelles, comme l’eau. Savez-vous quelle quantité d’eau est nécessaire pour produire nos vêtements ? Un jean, de la culture de son coton à son arrivée en France, consommerait près de 11.000 litres d’eau. Pour un simple t-shirt en coton, on parle de 2700 litres d’eau en moyenne. En comparaison, en prenant une douche, on utilise entre 60 et 100 litres.

L’utilisation excessive de produits chimiques et toxiques dans la confection des vêtements polluent également les eaux. N’oublions pas l’impact environnemental des transports : il est rare qu’un vêtement soit fabriqué de A à Z au même endroit. Il est bien plus que probable que chacun de vos vêtements ait bien plus voyagé que vous. En moyenne, un jean parcourt 65.000 km avant de finir dans votre placard. C’est fou, non ?

Et il n’y a pas que la production du vêtement qui pollue, le vêtement lui-même est grandement responsable de la dégradation de la planète. 35% du plastique présent dans les océans proviendrait de nos vêtements, à cause des microparticules de plastique relâchées dans les eaux usées à chaque lavage. De même, certaines études disent que « chaque article fabriqué à partir de fibres naturelles a un impact en termes de gaz à effet de serre équivalent à plus de 20 fois son poids ».

Maintenant que nous savons que les marques de mode ont bien des choses à nous cacher, que fait-on ?

On privilégie des marques engagées face à de la fast-fashion.

Les marques de fast-fashion sont partout puisqu’elles sont extrêmement puissantes. Elles proposent une vingtaine de collections chaque année pour suivre au plus près les tendances. Cela vous pousser à consommer toujours plus, au travers de prix assez attractifs en général. Des vêtements issus de la fast-fashion ne sont, la plupart du temps, pas de bonne qualité et se dégradent vite. Il faut donc les remplacer vite et cela engendre beaucoup de déchets.

Ce qu’il faut retenir : lorsque le prix d’un vêtement neuf est très bas, il faut se méfier. Cela signifie qu’au moins un maillon de la chaîne de production pâtit de ce prix bas.

Attention, ce n’est pas parce qu’un prix bas est synonyme de mauvaise qualité et/ou de conditions de travail médiocres que l’inverse est vrai. Un prix élevé ne signifie pas qu’un vêtement est de haute qualité et éthique !  Pour savoir comment s’y retrouver, il est donc préférable de partir à la découverte des marques éthiques et responsables.

 

Pour vous aider, vous pouvez télécharger l’application Clear Fashion App qui évalue pour vous de très nombreuses marques sous différents aspects : l’environnement, les humains, la santé et les animaux. On peut même parfois retrouver les différents lieux de production d’une marque. Le score final vous permet de repérer les marques qui en valent la peine.

La blogueuse Céline Séris, du blog Iznowgood, a créé le générateur Marqu’Iz. Il s’agit d’un algorithme qui vous propose une liste de marques éthiques et écoresponsables selon vos critères de recherche. Lorsque vous recherchez une pièce précise mais ne savez pas vers quelle marque vous tourner, le générateur Marqu’Iz pourra vous fournir des propositions de marques adaptées. Les critères concernent le type de vêtement, la matière, le lieu de production ou des exigences diverses (par exemple : vegan, équitable, matières recyclées), etc.

Ces deux outils sont très pratiques pour débuter une transition vers une nouvelle consommation.

On découvre les labels fiables.

Au-delà des marques, bien que cela soit souvent lié, vous pouvez aussi vous référer aux labels. Les certifications équitables ont longtemps été majoritairement alimentaires, mais les conditions de travail ne sont souvent pas mieux dans les autres industries. C’est pourquoi l’organisme Fairtrade Max Havelaar a décidé de lancer deux labels, l’un dédié au coton et le second qui certifie un textile sur l’ensemble de sa chaîne de production.  Le but est d’encourager des producteurs à adopter des modes de production plus respectueux de l’humain et de la planète. Comme dans le cadre des productions alimentaires, une prime de développement est versée en plus du prix d’achat. Il est aussi garanti qu’il n’y a pas d’OGM. Les conventions de l’OIT sont respectées ou encore et les exploitations sont de taille familiale.

Un autre label connu dans le milieu du commerce équitable, le label WFTO, présent sur de nombreux produits, notamment des vêtements.

Des labels de commerce équitable sont particulièrement importants pour garantir qu’un évènement tel que l’écroulement de l’usine Rana Plaza ne se reproduira pas. En 2013, le 24 avril, l’usine Rana Plaza s’est effondrée, faisant 1138 morts. Les ateliers de confection travaillaient pour des grandes marques occidentales de mode. Ce tragique évènement est survenu car les locaux se trouvaient dans un état déplorable. Et les inquiétudes des travailleurs n’ont pas été prises en compte. Mais il existe également de nombreux labels fiables qui se focalisent davantage sur l’impact environnemental des productions, ce qui n’est pas négligeable.

Si vous croisez le logo B Corp sur l’étiquette d’un vêtement, c’est que la marque, dans son ensemble, a adopté une démarche plutôt responsable. C’est un label complet puisque sur celui-ci reposent aussi bien des critères environnementaux que sociaux.

D’autres labels éthiques existent pour l’industrie textile. Vous trouverez facilement des comparatifs sur internet pour vous repérer.

On choisit les bonnes matières.

On ne peut pas parler d’éthique sans parler de la matière des vêtements. Les animaux sont également de grandes victimes de l’industrie de la mode. Les êtres humains sont parfois très peu protégés par la loi, mais les animaux encore moins. Réduire les matières animales dans nos vêtements serait une première étape. En plus, saviez-vous que le cuir nécessitait un lourd traitement chimique avant d’être commercialisé ?

Également, nous devons prendre le temps de nous renseigner sur les différents matériaux. Le coton, même bio, n’est pas si bon élève qu’on le prétend. Comme nous l’avons expliqué plus haut, sa production requiert une très grande quantité d’eau.

Le lin semble être une fibre intéressante. 80% de sa production se fait en Europe (France, Belgique, Pays-Bas), son besoin en eau est limité et elle est sobre en engrais et pesticides. Il peut donc être intéressant de se tourner vers le lin lorsque l’on veut acheter un vêtement ou textile durable. Cependant, toute notre garde-robe ne pourra pas être faite de lin car cette fibre ne représente que 0.4% des fibres naturelles mondiales pour le moment.

Dans son livre, Céline Séris, Mon Dressing Heureux, récapitule les différents types de fibres et présentent leurs avantages et inconvénients.

La seconde main est notre alliée.

Pour consommer mieux, il semble important de mentionner l’option de l’achat en seconde main. Les plateformes de vente d’occasion, notamment de vêtements, ont explosé ces dernières années. C’est l’opportunité pour le consommateur de se faire plaisir, à moindres coûts, sans produire de nouveau.

La mode est un sujet large et global.

Pour être plus respectueux de la planète et de l’humain, on retient qu’il faut donc acheter mieux mais aussi peut-être moins. Cependant, dans le monde actuel, aux antipodes du minimalisme, est-ce accessible à tout le monde ? C’est une toute autre question qui vaudrait la peine d’être posée, d’autant plus que l’on ne porterait que 30% des vêtements présents dans nos placards. Il faut y réfléchir mais n’oublions pas de rester bienveillants avec nous-mêmes !

Pour conclure, il nous semble important de rappeler que même après l’achat, nous devons être vigilants avec nos vêtements. Respecter les consignes de lavage est très important, pour ne pas abîmer la fibre du vêtement et limiter la pollution des océans. Pensez par exemple aux filets de lavage et à ajouter un filtre à l’évacuation d’eau de votre machine. Enfin, une fois que le vêtement n’est plus portable pour vous, ne le jetez pas. Pensez automatiquement aux associations qui récupèrent les vêtements et même les chutes de tissu (sauf s’ils sont tâchés par des produits toxiques).

Et surtout : la mode éthique n’en est qu’à ses débuts, c’est certain.

Pour aller plus loin / nos sources :